Masevaux est situé dans la vallée la plus méridionale des Vosges dominée par le Ballon d'Alsace à 1247 m et la Haute Bers à 1250 m d'altitude.
Avec son centre ville piéton, Masevaux est devenue une ville très accueillante. Ville à 4 fleurs, elle a reçu le grand prix national du fleurissement depuis 2000 et la fleur d'Or en 2015 !
Les origines de Masevaux remontent au VIIIe siècle. La petite ville de Masevaux fut pendant la grande guerre le centre de l'administration militaire, la capitale de l'Alsace reconquise. Elle accueillit de ce fait de nombreuses personnalités : le Président de la République, le Roi d'Italie, Georges Clemenceau, les Maréchaux Joffre et Pétain, de nombreux Généraux... Masevaux sut se montrer digne de cet honneur car près de 180 de ses fils s'engagèrent volontairement dans l'armée française.
Le village est signalé pour la première fois dans un document écrit en 1482 sous le nom de Niederbruckhen. Plus tard les archives mentionnent en 1568 Niderpruckhen, en 1961 Niederbrucken et en 1776 Brucken. Cette dernière dénomination, qui se trouve dans le nom de Bruckenwald, était encore en usage au début du XXe siècle. Le village tient donc son nom du pont de la Doller.
A croire certains auteurs, dans l'antiquité un chemin quittait la voie romaine Mandeure - Wittelsheim, soit à Rougemont, soit à Soppe-le-Haut, pour rejoindre, à l'emplacement du cimetière actuel, l'agglomération appelée plus tard Masevaux, et se prolongeant sur la même rive de la Doller, traversait le territoire où se situe la commune de Niederbruck, pour rejoindre l'arrière-vallée. Les noms de Niederbruck et de Oberbruck donnent à penser qu'un chemin très ancien empruntait deux ponts, l'un sur la Doller, à Niederbruck, et l'autre à Oberbruck sur le torrent descendant du vallon, pour rejoindre Rimbach et, peut-être, au-delà, la route de Lorraine par le Ruchberg ou le Gratzen.
De quel siècle date l'agglomération de Niederbruck ? Peut-être y eut-il quelque construction à l'embouchure du Glasenbach dès l'origine de l'abbaye de Masevaux, au VIIIe siècle. Il paraît en effet improbable que les comtes d'Alsace aient fondé un couvent de femmes à l'entrée d'une vallée sauvage, hantée seulement par les loups et les ours. Les Francs semblent avoir laissé leur marque dans les dénominations de lieux (les nombreux Gesick, Burn ; l'usage du féminin die Bach au lieu der Bach…) et dans le patronage des anciennes églises de Masevaux : St Martin et St Léger.
En dialecte, Niederbruck se dit Nederbrucka, transcrit, Niederbruckhen en 1482. Or en Alsace la grande majorité des noms d'agglomération se terminant ainsi dans la langue parlée, deviennent des -heim dans la langue écrite. Pensons à Guewenheim, Sentheim, Wittelsheim… Il n'est donc pas exclus que Niederbruckhen signifiait à l'origine le Heim, la localité près du pont.
A ses débuts le hameau était habité par les agriculteurs-éleveurs qui défrichaient peu à peu la forêt pour créer des champs, des pâtures, des prés. Des lieux-dits indiquent que l'abbaye et le château du Ringelstein de Masevaux y avaient des biens, peut-être exploités par des serviteurs habitant le village : Schlossmatte, Schlossacker, Stiftsacker…
Dans de nombreux endroits de la montagne on peut trouver de petites terrasses au sol noirci : il s'agit d'anciens emplacements de meules de charbonniers. Le vallon de la Kohlgrube (fosse aux charbonniers ou aux charbonnages) fut jusqu'il y a une vingtaine d'années une série de prés entre ceux de la Schlossmatte et ceux de l'Entzenbach. D'ailleurs en ce dernier endroit vivait en 1737 un charbonnier du nom de Jean-Caspar Battmann exerçant encore son activité de bûcheron-défricheur.
Le troupeau communal, conduit par un berger habitant le Hirtenhus jusqu'à la fin du XIXe siècle, montait tous les matins par le Hirtenweg pâturer sur les hauteurs largement déboisées entre le Glasenbach et le Denneberg, donc le Heidel, le Bruckenwald et la Rhone.
Les terrasses de culture montaient assez haut : jusqu'aux contreforts du Triwelskopf et Rischbourg (au-dessus de la Haule), qui sont couverts actuellement de forêts.
Dès le début du XIXe siècle l'élevage et l'agriculture régressèrent, l'industrie fournissant un gagne-pain à une partie croissante de la population.
En 1797 l'atelier de cotonnades de Jacques Vetter emploie 30 tisserands et 4 teinturiers. Il y avait aussi quelques tisserands à domicile. En 1822 Thiébaud Jenn emploie dans un atelier similaire 8 ouvriers.
En 1773 est signalé un moulin à blé à 2 roues hydrauliques. En 1785 est créée une taillanderie (fabriquant des couteaux, des haches, des instruments aratoires, etc.). Ces deux établissements, ainsi qu'un foulon à 2 roues (atelier de foulage de tissu) sont acquis, alors qu'ils tombaient en ruines, par la société Witz, Steffan, Oswald et Cie. C'était en l'année 1809, sous le premier empire.
Les nouveaux propriétaires, originaires de Mulhouse, installèrent deux martinets pour la fabrication de chaudières, chaudrons, ustensiles divers, barres et planches. Le cuivre et le zinc venaient de Russie, voire d'Amérique, via Lyon. L'entreprise se développa rapidement. En 1882 elle est la première de France à utiliser le procédé du trait jaune, dit faux or, ou du trait d'argent faux (enrobage de fils de cuivre d'un fin manchon d'or ou d'argent). En 1824 fut crée un laminoir de zinc et de laiton dans une ancienne scierie située en aval (actuellement Golly).
En 1826 l'usine emploie une centaine d'ouvriers. En 1838 acquisition par M. Warnod de la taillanderie d'André Wider, située sur le Glasenbach à l'emplacement du local des pompiers construit en 1952. En 1844, après que les sieurs Oswald et Warnod en eurent pris la direction, l'usine emploie environ 100 personnes. Après l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne en 1871, l'usine qui était en pleine prospérité, arrêta son activité du fait l'émigration de la famille Warnod. Xavier et Joseph Vogt, qui possédaient une fonderie à Masevaux (et d'autres entreprises à Soultz et à Mulhouse) achetèrent l'usine et y installèrent une fonderie de bronze et de laiton, puis une tréfilerie et une robinetterie et enfin se spécialisèrent dans la fabrication de rouleaux d'impression de tissus. En 1914 Vogt s'associa avec Charpentier de Valdoie et en 1933 avec Goguel de Montbéliard. Après des autres associations successives avec la Compagnie Française des Métaux, avec les Tréfileries et Laminoires du Havre, la Société Cuivres et Alliages et le groupe Péchiney, l'usine est depuis reprise par le Groupe KME. Elle compte à ce jour 150 salariés.
Après le détournement, en 1970, de la route départementale et le démantèlement, en 1971, de la ligne de chemin de fer qui depuis 1901 avait favorisé l'activité de l'usine, cette dernière s'est agrandie en 1973 d'un nouveau bâtiment et occupe désormais presque tout le thalweg.
Le village de Niederbruck doit, entre autres, à l'industriel Joseph Vogt qui en a été le maire pendant 28 ans (de 1891 à 1919) sa chapelle (pose de la première pierre le 12 mai 1913), et, sur le rocher de l'Eichstein, bien visible de la route, la statue de la Vierge à l'enfant. Elle a été exécutée par le célèbre sculpteur parisien Bourdelle, en 1923, à la suite d'un voeu fait par la famille Vogt pendant la guerre de 1914-18. Cette statue compte parmi les 100 chefs-d'oeuvres de France, à en croire l'intitulé d'une exposition de photographies, où elle figurait.
L'actuelle chapelle en remplace une autre construite après 1728, à la suite d'une pétition des dix-huit chefs de famille du village à l'évêque de Bâle. Selon la tradition il y aurait déjà eu après la guerre de trente ans une chapelle, sans doute minuscule, dans le village.
La pétition de 1728 demandait aussi l'autorisation de pouvoir employer une personne qui enseignerait les enfants et présiderait aux exercices de dévotion à la chapelle. Une autre pétition de 1774 au même évêque de Bâle, nous apprend que c'est l'ermite Jean Schmit qui assure les fonctions décrites plus haut. Avec l'accord du curé de Masevaux, les habitants de Niederbruck désirent le garder à vie.
"L'ancienne chapelle" comme on l'appelait alors, a été gravement endommagée le jour même de la libération du village, le 27 novembre 1944, par le dynamitage du beau pont qui d'un seul arc traversait la Doller et qui datait des premières années du siècle. Ce qui restait de la chapelle a été rasé et le terrain égalisé. Les trois vieux tilleuls entre les deux ponts rappellent la petite place devant l'ancienne chapelle.
Comme nous l'avons vu, une école fonctionne à Niederbruck depuis 1730 environ. Comme en 1842 l'école, conçue pour 60 élèves, s'avérait trop petite pour les 80 qui la fréquentaient, elle a été remplacée par une plus grande. C'est certainement l'école élémentaire actuelle. Une photographie de la fin du siècle dernier présente encore 80 écoliers. On sait que vers 1850, c'est une religieuse qui enseignait à Niederbruck.
Niederbruck comptait vers 1800 240 habitants, en 1975 305 et à l'heure actuelle environ 465 grâce aux nouvelles constructions.
Si pendant environ mille ans la langue du peuple était l'alémanique, depuis une trentaine d'années la majorité des gens ne parlent plus que le français entre eux.
Le 1er janvier 2016, la commune de Niederbruck a fusionné avec la commune de Masevaux, devenant la commune nouvelle de Masevaux-Niederbruck.