- Coordonnées du Fort Médoc :
- Route du Fort-Médoc - 33460 Cussac-Fort-Médoc.
- Tél. : 05 56 58 98 40.
- Tél. : 06 86 59 07 75
- Email : fort-medoc@orange.fr
- Ouverture du Fort Médoc :
- 1er février au 31 mars : tous les week-ends de 13h à 17h.
- 1er avril au 30 avril : tous les jours de 10h à 18h.
- 1er mai au 30 septembre : tous les jours de 10h à 19h.
- 1er octobre au 30 novembre : week-ends et jours fériés de 13h à 17h.
- Fermeture annuelle du 1er décembre au 31 janvier.
- Possibilité de visites guidées - réservation obligatoire soit par téléphone, soit par mail (visites des groupes de 10 personnes et plus sur réservation).
- Tarifs :
- Adultes : 4 €.
- Enfants (5 à 12 ans) : 1 €.
- Tarifs réduits pour les étudiants, demandeurs d'emploi, bénéficiaires des minimas sociaux : 3€.
- Gratuit pour les personnes en situation de handicap + 1 accompagnateur.
- Accueil des groupes :
- Groupes adultes (à partir de 10 personnes) - visite libre : 3 €.
- Groupes adultes (à partir de 10 personnes et sur réservation) - visite guidée : 6 €.
- Groupes enfants ou groupes scolaires : 1 € par enfant (à partir de 10 enfants).
- Histoire :
- Édifié à la fin du XVIIe siècle pour assurer, avec la citadelle de Blaye et le fort Pâté, la défense de la Gironde, le fort Médoc a connu une histoire agitée : présenté tantôt comme un élément indispensable à la sûreté de Bordeaux, il fait l'objet d'importants travaux d'équipement ; tantôt, au contraire, on le considère comme inutile et on va même jusqu'à envisager sa démolition.
- Ce fort est né d'un projet de Vauban (ingénieur militaire français de Louis XIV). La décision de le construire n'est prise par Louis XIV qu'au mois de mai 1689, après de longues discussions par correspondance entre Bazin de Bezons, intendant de Guyenne entre 1686 et 1700, et Guy de Durfort, maréchal de Lorges, sur l'utilité de couler des vaisseaux entre le Médoc et l'île Pâté, alors appelée "île de Blaye".
- L'intendant Bazin de Bezons, venu à Cussac le 8 juin 1689, décrit ainsi l'emplacement choisi, selon le plan de Vauban : "c'est dans un grand pré sur le bord de la rivière, et il n'y a aucune hauteur voisine, la situation est belle. J'ai fait enfoncer des sondes en plusieurs endroits pour voir si je trouvais du solide. L'on a enfoncé plus de 25 pieds, sans rien trouver. M. le maréchal de Lorges sera demain ici, il doit le visiter. Je crois qu'il pourra mener M. Ferry qui est l'ingénieur général, afin que l'on puisse se déterminer et profiter de la belle saison pour travailler. Je suis persuadé qu'il ne faudra faire les ouvrages que de terre bien gazonnée et palissades et laisser entre les ouvrages et le fossé une grande berme parce que je vois bien que si l'on voulait faire le pilotage et le grillage pour la fondation ainsi que je l'avais pensé tout d'abord cela coûterait de très grandes sommes et ne pourrait être achevé de longtemps (...)" (cité par les cahiers médulliens). Le texte fait apparaître deux contraintes qui vont peser lourdement sur la construction et l'entretien du fort : l'absence d'un sol solide pour asseoir les fondations et la présence de l'eau, presque affleurante ou stagnante, qui oblige à travailler l'été seulement et qui est à l'origine de fièvres et de maladies dont la garnison se plaindra à maintes reprises. En raison des sols instables, les fondations assurées et les courtines empierrées sont écartées. En raison de l'importante superficie du fort (24 hectares, glacis compris), une double grille, comme à fort pâté, est également exclue.
- Les terrains sont acquis par mesure d'expropriation et les premiers travaux sont exécutés à la hâte, sous l'intendant Bazin de Bezons, par 1200 soldats, prélevés parmi les régiments disponibles dans la région, du printemps à l'automne 1690. Celui-ci craint la saison humide et essaye de réaliser les travaux au plus vite : "il sera bon de faire ce travail à la fin de septembre parce que je crains les maladies dans le Médoc au mois d'octobre et que dans l'hiver c'est un pays bien humide pour y travailler." En attendant Ferry, qui doit fournir un nouveau plan, il écrit à Louvois le 23 août 1689 : "l'on donnera une grosse botte de paille pour coucher chaque soldat et, afin d'éviter qu'ils ne sentent l'humidité de la terre, je fais donner trois planches de bois qui ont huit pouces de large et six pieds de long pour chaque soldat afin qu'ils mettent ces planches dessous la paille où ils doivent coucher." Duplessy est l'architecte entrepreneur des travaux et Augier l'ingénieur de la place. En août 1690, malgré les mesures sanitaires prises par Bazin de Bezons, les premiers symptômes de maladie surviennent dans les marais insalubres et ralentissent l'ouvrage. Cent soldats ont dû être hospitalisés comme le relate Bazin de Bezons dans une lettre du 8 octobre 1689 à Louvois : " j'ai passé par Blaye et au fort Médoc. Le mauvais temps qu'il a fait depuis 12 jours a fait tomber un grand nombre de soldats malades dans les deux endroits. J'en fis conduire hier 100 du fort Médoc à l'hôpital".
- A l'automne, les douves, les bastions, les courtines, les batteries, la demi-lune et la porte royale sont achevés. L'hiver arrivant, les travaux sont suspendus. Il ne reste plus qu'à construire les différents édifices utilitaires prévus par Vauban, tels que la boulangerie, les casernes, les magasins à poudre, la citerne et la chapelle, ainsi que les guérites. Les pierres nécessaires à la construction proviennent de Blaye. La garnison y est installée dès avril 1691.
- En 1700, Ferry rend compte de l'achèvement du corps de casernes du sud, ainsi que des latrines dans le bastion de la mer, pour l'usage des casernes au nord de la place d'armes. Certains remblais ont été terminés de 1702 à 1705 et ce n'est qu'en 1721 que la construction du fort Médoc est achevée. En 1716, 300 soldats sont logés dans le fort et 13 canons garnissent l'ouvrage.
- La description du Fort Médoc :
- Le fort Médoc, entouré de prairies, d'arbres et d'anciens marais, mesure 347 mètres de longueur sur 327 mètres de largeur. L'ensemble représente une superficie totale d'environ 24 hectares (glacis compris).
- La portée des pièces d'artillerie exigeait que l'on construisît le fort à l'extrême bordure de la Gironde, sur des atterrissements alluviaux fragiles. Pour réduire au minimum les constructions au bord du fleuve, un simple plan carré élargi est établi, doté de quatre bastions (bastions de Mer, Dauphin, de France et du Roi) reliés par des courtines, le tout flanqué d'un chemin couvert et d'un glacis gazonné. Le chemin couvert, à quatre places d'armes aux angles rentrants, est protégé par des traverses contre les tirs d'enfilade ou par ricochets. Les fossés communiquent avec la Gironde par un système d'écluses qui permettent de les maintenir en eau quelle que soit la marée.
- Afin d'éviter toute prise à revers, un ensemble suffisamment imposant pour résister à toute offensive est formé du côté opposé, entre les bastions du roi et celui de France. L'unique demi-lune protège le fort contre une attaque en provenance du Médoc.
- Les remparts et la demi-lune sont formés de terres gazonnées, aucun revêtement de pierre ne pouvant s'y élever. Aujourd'hui, les bastions et les remparts sont parsemés d'arbres. Les bastions sont pourvus de vastes salles souterraines, communiquant entre elles grâce à des boyaux sous les courtines. Au bastion Dauphin se trouvent, regardant vers la Gironde, les emplacements des canons avec, derrière, les réserves à munitions. Derrière la demi-lune s'élèvent le corps de garde et l'entrée principale, couronnée d'un fronton sculpté par Pierre Berquin, sculpteur et ingénieur ordinaire du roi, étroit collaborateur de l'architecte Pierre-Michel Duplessy. Ce fronton curviligne représente un blason frappé aux armes du roi que portent deux atlantes. Il fut mutilé à la révolution et est aujourd'hui restauré.
- Le couloir voûté sous le bâtiment central est fermé par une deuxième porte de bois. Elle est en chêne, à claire-voie, et doublée d'une herse. Des casemates percées de meurtrières assuraient la défense du passage.
- Le corps de garde royal, aujourd'hui couvert d'un crépi gris-jaune, abritait le major de la garnison au premier étage, des salles d'armes au rez-de-chaussée et des salles voûtées au sous-sol. Dans la cour d'honneur, deux escaliers, de part et d'autre du couloir voûté, donnent accès à la terrasse de l'étage, où un passage voûté permet d'atteindre à la fois la chambre de la herse et les locaux qui donnent sur l'esplanade intérieure du fort. La toiture du front extérieur, extrêmement pentue, est couverte de tuiles plates.
- La partie essentielle du fort est la batterie face à la Gironde, qui devait commander la circulation navale sur la rivière. Elle est établie sur la courtine qui longe le fleuve, entre le bastion du Dauphin et celui de la Gironde. Une poterne permettait d'accéder à un appontement. Le corps de garde, avec son couloir de meurtrières, possède une grande pièce centrale, où les ancrages d'un grand bas flanc de bois dans les murs sont encore visibles.
- Les casernes, dont seuls des vestiges subsistent aujourd'hui, s'élevaient sur deux lignes de part et d'autre de l'esplanade centrale, entre la porte royale et le corps de garde sur la Gironde. Elles n'avaient qu'un seul rez-de-chaussée et contenaient quarante chambres au total, pouvant loger trois cents soldats.
- La boulangerie, au nord-est, s'accolait à l'extrémité est du casernement septentrional. Elle est actuellement en cours de restauration. Elle abrite deux fours à pain dont un, jugé dangereux, a été comblé.
- La chapelle se situait au bout des casernements, au sud de l'esplanade. C'est un grand bâtiment de deux arcs en pleins cintres. Elle a été remise en état il y a quelques années.
- Le magasin à poudre, non loin du corps de garde, dans la gorge du bastion Dauphin, avec sa voûte en pierre de taille d'une épaisseur de 1,80 mètre, sa toiture en tuiles plates et le mur rectangulaire qui l'entoure, est identique à celui de la citadelle de Blaye.
- La citerne, située au nord-est du bâtiment principal, est incorporée dans un bâtiment rectangulaire. L'ensemble date du XIXe siècle. Elle est reliée à un système de récupération des eaux de pluie des toitures des casernements. Non loin de la citerne, on trouve les latrines, transformées en sanitaires contemporains.
- Un puits a été creusé au milieu de la place d'Armes, dans l'axe entre le corps de garde à la mer et le bâtiment principal.
- L'ensemble des bâtiments a été construit en pierre calcaire et mortier de chaux. Les toitures du bâtiment de la porte royale (pour partie) et du magasin à poudre sont couvertes de tuiles plates. La citerne, la boulangerie, une partie du bâtiment de la porte royale ainsi que la chapelle ont un toit de tuiles creuses.
- Fort Médoc :
- Très vite après sa construction, le fort Médoc apparaît inutile aux yeux de l'administration militaire locale et, dès 1700, un mémoire concernant le fort de Médoc met en évidence les défauts de l'édifice, qui sont à la fois d'ordre technique et humanitaire. L'absence de parement de pierre fragilise l'espace militaire et rend extrêmement coûteux l'entretien annuel. Le site marécageux favorise la propagation d'épidémies qui déciment les cantonnements, et les soldats se permettent de piller les granges dans la campagne voisine. Les relations avec le voisinage sont par ailleurs déjà fragilisées par les retards des indemnisations, qui devaient intervenir par suite de l'expropriation. En outre, le fort surveillant un passage très peu utilisé de la Gironde, les navires de tonnage important passent nécessairement devant Blaye, où le fleuve est plus profond.
- En 1716, les aménagements du fort se détériorent sensiblement. Un second mémoire de 1718 confirme que le fort Médoc est toujours inutile et, en 1723, lorsque Claude Masse visite les lieux, il trouve le tout bouleversé. Ce n'est qu'en 1747 que l'intendant Tourny trouve une argumentation suffisante pour faire accepter aux autorités compétentes la nécessité de la conservation et de la restructuration du fort.
- L'année 1797 marque une nouvelle menace pour le fort Médoc, dont l'entretien, faute d'argent encore une fois, a été négligé. La direction des fortifications, si elle envisage de le conserver, songe à réduire son étendue et son importance, compte tenu de la faiblesse de son armement : huit canons, dont deux seulement sont montés sur affût.
- La réduction de sa superficie permettrait de vendre des terrains pour des activités civiles, dont le produit servirait à l'entretien du fort. En 1799, le responsable du génie en poste à Blaye propose de construire une simple redoute à l'emplacement du fort et de "vendre à l'enchère les matériaux des bâtiments inutiles". Ce projet ne sera pas mis à exécution. Pendant cette même période, les habitants de Cussac et des environs ont pris l'habitude d'utiliser le débarcadère militaire et donc de traverser le fort avec leurs chariots, parce que le chemin communal qui conduit au débarcadère civil est en fort mauvais état.
- Au début du XIXe siècle, la question de l'utilité est de nouveau soumise au ministre de la guerre par le général de brigade du génie Dabadie dans une lettre datant du 21 août 1810. Les navires se fraient désormais un chemin entre le Médoc et l'île Pâté en raison de l'ensablement des chenaux. L'importance des forts Médoc et Pâté est désormais reconnue. Les bâtiments sont alors en mauvais état à cause de l'infiltration des eaux pluviales. Les fortifications ne sont point en meilleur état que les bâtiments et ont perdu leur relief.
- En 1816, la valeur stratégique du fort Médoc est enfin reconnue et une campagne de travaux permet de remettre en état les bastions, courtines et chenaux entourant l'édifice, ainsi que les écluses. Une partie des travaux est assez rapidement exécutée, le fort apparaissant alors comme,"(...) une tête de pont sur la côte du Médoc ; il assure la communication d'une rive à l'autre et fournit le moyen d'inquiéter l'ennemi qui, après un débarquement à Pauillac ou au Verdon voudrait se porter sur Bordeaux."
- Les latrines sont réparées, les souterrains sous le corps de garde nettoyés, puis le pavé devant les portes réparé. La cour est replantée d'arbres : ormeaux, peupliers d'Italie, saules pleureurs, catalpas, sorbiers et érables sycomores. Ils seront abattus en cas de siège pour renforcer de palissades les chemins couverts.
- Les fossés sont remodelés, les parapets, le magasin à poudre et une partie des casernes réparés. Le chenal en aval de l'écluse sud est nettoyé puis creusé, et le chemin couvert du fossé du front de la Gironde retracé. L'écluse sud est restaurée et les terre-pleins des bastions sont élevés.
- Une citerne bâtie en 1823 permet d'approvisionner le fort en eau potable, celle des puits étant saumâtre. Elle est prévue pour contenir 60 000 litres d'eau de pluie recueillie par un système de caniveaux qui drainent les eaux descendant des toitures.
- Dans cette même année, un glissement de terrain se produit sur le fossé du front de l'ouest : à la suite de son nettoyage, le parapet s'est affaissé sur 58 mètres de long sous le poids des terres accumulées. Pour remédier à cet incident, faute d'argent, on terrasse le parapet en réduisant sa hauteur de façon à diminuer le poids du remblai.
- En 1838, l'embarcadère est réparé. Cette réparation est nécessaire puisque les hommes, le matériel et les vivres pour le fort viennent de la place de Blaye.
- Un plan de 1853 mentionne quelques modifications. La poterne donnant sur la rivière est bouchée, car inaccessible, et la demi-lune qui a pour mission de protéger la porte royale est démantelée. La chapelle avait déjà été transformée en magasin pour l'artillerie, sans doute à la Révolution.
- Le rôle du fort Médoc pendant la Première Guerre mondiale se limite à recueillir des soldats au repos. En 1916, la garnison, se composant alors de six hommes, est envoyée sur le front et le fort est définitivement abandonné.
- La loi du 1er août 1929 permet le déclassement du fort, devenu désormais inutile, et celui-ci est acheté par la commune de Cussac-Fort-Médoc en 1930, qui se sert en 1932 des casernes comme carrière de pierres.
- Le fort est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 31 janvier 1956 pour ce qui concerne le magasin à poudre, les restes de bâtiments à l'est, face à la Gironde, et les terrains cadastrés.